C’est en 1941, que la 1ère Compagnie d'Infanterie de l'Air est constituée à Oued Smar en Algérie. Cette organisation entre dans la formation de l’armée nouvelle, mise sur pied pour préparer la revanche, dans l’obédience du général Giraud. L'entraînement reprend pour les vétérans de l'Armée de l'air, formés dès 1936 en URSS, avec des Potez 540 aménagés pour le saut. En juin 1941, l'effectif de la Compagnie atteint 250 hommes.
Le 8 novembre 1942, les Alliés débarquent en Afrique du Nord. Quatre paras français sont détachés auprès du 501e Airborne Bo/n. Deux d'entre eux accomplissent avec un commando une mission de sabotage en Tunisie. Vers la mi-décembre, la compagnie rejoint les anciens cantonnements du 602e à Baraki où d'importants renforts la rejoignent.
1943
Avec l’afflue de volontaires évadés de France, de jeunes refusant la défaite et voulant servir au sein de l’armée réglée, fin janvier 1943, la compagnie N°1 cantonne à Fez où elle est organisée en un bataillon à quatre compagnies qui prend le nom de Bataillon de Chasseurs Parachutistes N° 1. Il est équipé de parachutes américains et saute de Potez 540. Dès avril, l'Airborne Training Center lui envoie un Dakota. Le 1er mai, le Bataillon compte déjà 700 brevetés. Toutefois, si les parachutes sont neufs, l'armement laisse à désirer et le parc auto est bien pauvre ce qui n’empêche pas les volontaires d’affluer, transitant par l’Espagne en majorité, où beaucoup connaissent les camps de concentration du gouvernement de Franco. Il faut penser à créer un 2e bataillon et par conséquent le 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes est créé le 1er mai. Ces jeunes volontaires attirent l’intérêt des recruteurs, notamment des Gaullistes, que les jeunes charognards voient d’un mauvais œil, voulant servir dans une troupe militaire et pas dans ce que certains considèrent comme des bandes. Le recrutement se fait entre deux rangées de soldats britanniques, armes à la main, jusqu’au bureau de l’officier se renseignements qui traque les infiltrés probables envoyés par Vichy. L’interrogatoire passé, les jeunes volontaires sont mieux accueillis et passent les tests d’entrée au 1er RCP.
A la fin de l'été, alors que le régiment s’entraîne, les premiers véhicules et l’équipement US arrivent. Les premières pièces d’habillement reçues sont les bottes de saut Corcoran. Les uniformes de saut modèle 42 et le brellage webbing surprennent par leur modernisme. Les hommes placent le brevet para sur leur manche gauche ou sur le rabat de la poche droite. Ils portent le brevet de saut US au dessus de la poche gauche sur le rabat de laquelle est fixée la pucelle du régiment. D’abord doté du casque US 1917 A1, le casque M1 arrive rapidement. Seul le calot bleu de l’armée de l’air, avec le charognard, subsiste de l’habillement français. Dès lors le régiment entre dans les plans alliés du Général Eisenhower : "Il est convenu que les parachutistes français seront utilisés dans le cadre des opérations alliées de troupes parachutées et des dispositions seront prises à cette fin pour leur instruction" ; à cette fin, le 1er RCP est rattaché à la 82e Airborne. Cantonné à Oujda à partir du 7 octobre 1943, le régiment rejoint, l'Airbone Training Center, aux Angades où se trouvent déjà l'Ecole de Planeurs et une escadrille britannique de chasse. Là, le 1er RCP devient régiment frère du 505th Airborne. Fin 1943, le 1er RCP compte 1 700 officiers, sous-officiers et chasseurs: « 7 octobre 1943 : Le régiment par pour OUDJA, ville frontière entre le Maroc et l'Algérie. Nous allons, enfin, recevoir l'équipement américain. Habillement, presque du sur mesures ! armement, véhicules, skis ? Nous sommes "baba" de voir ce luxe. Tout notre équipement se loge dans 2 énormes sacs couleur verte, marqués US, c'est lourd à transporter !"[1].
1944
« Le début de l'année 1944 trouve le régiment aux environs de Bordjmenaiel : les compagnies sont installées dans des
fermes »[2]. En mars, il se prépare à
partir en Italie pour être aérotransporté sur la Sicile. Afin de préparer un débarquement dans les Balkans, les hommes s’entraînent au combat en montagne. En effet, « l'entrainement
aéroporté est suspendu faute d'avions et comme ce fut le cas 6 mois plus tôt à Fez, le régiment monte en montagne. Deux centres de Grande Kabilie accueillent chacun des bataillons : Tikjda et
Talarana.
L'excellent équipement pour la montagne d'hiver, de provenance américaine, permet une instruction très soutenue. C'est le lieutenant Mailly, officier de réserve spécialiste de la montagne, qui
dirige la partie technique de l'entrainement. Séjour profitable, qui soude les unités et qui développe la rusticité et la résistance des hommes. A cette époque, une compagnie d'instruction est
mise sur pied, que commande le lieutenant Beaumont, assisté du sous-lieutenant Vernet. Diverses
opérations sont envisagées, soit dans les Balkans, soit en France occupée (Vercors, Massif Central) au profit de la Résistance »
[3]. Une unité de Pathfinders est mise alors sur pied. En mai 1944, pour
l'opération Brassard (conquête de l'île d'Elbe), le régiment est finalement retiré du dispositif. Début juillet, transféré à Rome, où apparait le drapeau tricolore sur le côté droit et l’insigne
des paras peint sur le devant. Le 1er RCP est de nouveau mis en alerte pour le débarquement en Provence pour lequel il est mis en réserve mais auquel participent des hommes détachés.
C’est le 4 septembre, que le régiment rentre en France, aéroporté sur Valence.
Les Vosges
Envoyé au combat sans plus attendre, le régiment est transféré à Luxeuil en camions. Le régiment passe par le département de l’Ain. Là, des chasseurs du régiment originaires du département profitent d’une halte pour voir leur famille qu’ils n’avaient pas vu depuis plusieurs mois voir plusieurs années. Ainsi Roland Monnet, de Bourg, va voir sa mère lorsque le régiment passe en ville, alors que Claude Brillat-Savarin profite de temps libre à Valence pour tenter d’aller voir sa famille à Belley. Manœuvrant avec la 1ère D. B. dans les Vosges. La première action du régiment a lieu à Ferdrupt le 3 octobre. Les opérations durent jusqu’au 16. Après une série de bonds vers l'Alsace, le régiment qui a beaucoup souffert atteint les crêtes qui dominent l'Alsace. Il se replie sur Travexin puis est envoyé au repos à Lons-le-Saunier. La bataille des Vosges est terminée pour lui. En vingt jours de combats, le régiment a perdu 129 tués, 339 blessés. 380 hommes ont été évacués avec de profondes gelures. Une citation lui attribuant la croix de guerre avec palme, marque son sacrifice.
L’Alsace
Fin novembre 1944, le entre dans la bataille d'Alsace pour le périmètre de Colmar, la défense de Strasbourg et enfin la prise de Colmar. Le régiment est affecté à la 2ème D.B. Leclerc en
décembre. Du 13 au 23 décembre, le régiment combat, perdant 10 officiers, 43 sous-officiers et 150 hommes tués ou blessés. Le 23, l'ordre de partir au repos arrive à des hommes épuisés qui se
sont battus avec des troupes ennemies fraîches et supérieures nombre, sans soutien de char, face aux Panther et à l'artillerie. Ils n'ont cependant pas cédé le terrain .Noël interrompt un instant
les combats.
1945
Déjà se déclenche la contre-offensive des Ardennes. Les forces américaines encaissent mal les premiers assauts et commencent un douloureux repli. L'armée allemande lance une offensive afin de s'emparer de la trouée de Saverne. Alors que l'Armée U.S. se replie pour mieux faire face, la 1ère Armée Française doit manœuvrer au risque d’abandonner Strasbourg. Les Français refusent. La 3e DIA tiendra le secteur et reçoit le 1er RCP en renfort. Le régiment occupe alors la région des Vosges du 2 au 6 janvier : les positions sont difficiles à tenir et les deux bataillons subissent des tirs de mortiers et de M.G. Relevé, il va mener alors une série de patrouilles et d'embuscades dans la fameuse région des lacs.
Strasbourg & Colmar
Le 6, la 198e DI Allemande se rue sur Strasbourg. Le 7, les panzers sont à 15 km de la ville. A 16 heures, le 9 janvier, les 9e et 10e compagnies du 1er RCP, appuyées par des chars du R.B.F.M. partent à l'assaut. L'attaque réussit, les parachutistes tiennent les routes menant aux unités françaises encerclées et font de nombreux prisonniers. Strasbourg est sauvée.
Colmar représente désormais l'objectif principal. La 1ère Armée s'élance les 20 et 22 janvier. Le 25 janvier au soir, le 2ème bataillon reçoit pour mission de s'emparer du bois du Moulin de Jebsheim. Pendant trois jours, dans la neige et le froid, les Chasseurs Parachutistes livreront un combat de nettoyage aux troupes de la Wehrmacht qui savent ce que vaut cette position. Les adversaires sont tellement imbriqués que les combats deviennent de plus en plus difficiles. Le froid enraye les armes et le ravitaillement ne peut être consommé, car transformé en bloc de glace. L'artillerie ennemie ne cesse de pilonner nos positions et les pertes sont importantes. Enfin au prix d'une bataille acharnée, le 1er R.C.P. et le 254e RI U.S. prennent pied dans Jebsheim le 27 où le combat urbain se livre maison par maison, cave par cave jusqu’à la prise de la ville le 29.
Le 1er RCP, épuisé, demeure sur place jusqu'au 30. Le 31, il fait mouvement sur le canal de Colmar et se rue l'assaut de Widensolen. En pointe du dispositif allié, il permet une avance importante sur Colmar à l'est de la ville. La résistance ennemie à l'ouest du Rhin est pratiquement annihilée.
Le 2 février, le régiment reçoit l'ordre d'atteindre Colmar. Il y entre en tête des troupes alliées le 3 février à 11 heures. Il comprend alors trois bataillons le 3ème ayant été mis sur pied en janvier à base d'éléments F.F.I. Le 8 février, il défile devant le Général Lattre.
1945
Le 5 avril, le régiment après une période de repos est regroupé à Avord et est alors rattaché à la 1re Armée Alliée Aéroportée. Le 3e bataillon, essentiellement composé de non brevetés, doit subir son entraînement. Les 1er et 2e bataillons comprennent également des éléments non brevetés arrivés en renfort pendant la campagne d'Alsace. Là, le régiment aurait fait renforcer ses tenues de saut modèle 42 aux coudes et aux genoux.
Le 1er août 1945, le régiment est transféré à l'Armée de Terre. La fourragère aux couleurs de la Croix de Guerre lui est remise le 2 février 1946, jour anniversaire de la prise de Colmar.
Jérôme Croyet
membre du GmT 713
[2] Témoignage de Pierre ASTORG (brevet 1416) et de Raymond METIVIER (brevet 294) de la 8ème Cie du 1er RCP.
[3] Témoignage de Pierre ASTORG (brevet 1416) et de Raymond METIVIER (brevet 294) de la 8ème Cie du 1er RCP.
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